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Soudan : Omar el-Béchir de plus en plus isolé

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Des milliers de Soudanais ont une nouvelle fois manifesté mardi à Khartoum. Ils ont réitéré leur appel à l’armée à rejoindre leur mouvement. La police soudanaise a demandé à ses forces de “ne pas intervenir” contre les milliers de manifestants réunis pour le 4e jour consécutif devant le quartier général de l’armée à Khartoum. Elle a appelé à un “transfert pacifique du pouvoir”.

Cette déclaration est inédite, quand on sait que la police et les services des renseignements font partie des institutions acquises au président soudanais. Alors que l’armée s’est abstenue, ces deux bras séculiers du régime ont jusque-là réprimé les manifestations débutées en décembre 2018 et qui a repris du poil de la bête, le samedi 6 avril 2019. Selon les autorités, au moins 38 manifestants ont été tués depuis.

“Le communiqué de la Police est un signe de plus de l’affaiblissement du régime et que le régime perd tous les jours ses soutiens. Le général el-Béchir, il a du sang sur les mains. Je pense que les jours du Général el-Béchir se comptent. Il n’a pas d’autre choix que de partir et de laisser le peuple Soudanais construire son avenir dans la paix, la prospérité et le progrès”, se réjouit le journaliste soudanais Rachid Said.

 

Réponse du ministre de la Défense, le général Awad Ahmed Benawf : “Les forces armées soudanaises comprennent les motifs des manifestations et ne sont pas contre les demandes et les aspirations des citoyens, mais elles ne laisseront pas le pays sombrer dans le chaos”.

Quant au chef d’état-major de l’armée, le général Kamal Abdelmarouf, il  a précisé que la grande muette “continuait d’obéir à sa responsabilité de protéger les citoyens”.

Omerta brisée

Discrètes depuis le début des contestations, plusieurs chancelleries occidentales ont commencé à briser le silence.

Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Norvège ont estimé qu’il était temps pour les autorités soudanaises de proposer un “plan de transition politique crédible” face aux manifestations.

Dans un communiqué conjoint diffusé à Khartoum, les trois chancelleries ont estimé que “le temps est venu pour les autorités soudanaises de répondre à ces revendications populaires d’une façon sérieuse et crédible”.

 

Scénario à l’Algérienne ?

Au regard de l’évolution de la situation, peut-on s’acheminer vers le scénario algérien avec la démission prochaine du président Omar Hassan el-Béchir?

“Les Algériens manifestaient pour le départ de Bouteflika. Et Bouteflika ne gouvernait pas depuis 2013. Or, au Soudan, c’est Omar el-Béchir qui domine donc la situation depuis des dizaines d’années. C’est lui qui a tous les pouvoirs. Mais quand même, il y a des ressemblances avec le cas algérien. C’est le fait que les militaires ont gardé une neutralité vis à vis des manifestations populaires et n’ont pas participé pour l’instant à la répression, sanglante parfois, des manifestations”, répond Maâti Monjib, historien et politologue marocain.

Écouter l’audio 05:11

Maâti Monjib, politologue:”Comme en Algérie, l’armée a lâché Omar Hassan el-Béchir “

Depuis le 19 décembre 2018 et le début des contestations contre son régime, le président Omar Hassan el-Béchir, au pouvoir depuis 1989, a refusé de démissionner.

Mais le revirement des forces de sécurité, sur lesquelles repose en grande partie le pouvoir, pourrait désormais faire évoluer la situation.

Enfin, un conseil a été formé par les leaders de la contestation pour  expliquent-ils lancer des négociations avec les forces de sécurité et la communauté internationale, dans le but de transférer le pouvoir à un “gouvernement de transition, fidèle aux vœux de la révolution”.

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