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RDC:La RD Congo malade des promesses non-tenues du «raïs»


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Source: Congo Independant

Kabila-main4 Lors de son passage à Bukavu, Joseph Kabila à réitéré son «ferme engagement» à combattre l’insécurité dans la province du Sud-Kivu. Du déjà entendu. Lors de son premier discours d’investiture le 26 janvier 2001, le successeur de Mzee s’engageait à garantir «la sécurité des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire congolais». Les Congolais attendent toujours la réalisation de cette promesse. Neuf années après.

Analyse

En provenance de Bukavu, Joseph Kabila est arrivé, mercredi 16 décembre, à Goma, chef-lieu de la province du Nord Kivu. Le «raïs» est venu, semble-t-il, prendre la température de la situation sécuritaire dans cette partie du pays qui souffre le martyr depuis plus de deux décennies. Ne dit-on pas que l’assassin revient toujours sur le lieu du crime ?

A Bukavu, «Joseph» s’est adressé aux notabilités de la région. Que leur a-t-il dit ? Il leur a réitéré son «ferme engagement à lutter contre l’insécurité» dans la province du Sud. Devrait-on en rire ou en pleurer face à l’instabilité qui prévaut dans les provinces du Kivu depuis quinze ans dont neuf sous la présidence du «raïs» ? Celui-ci a fustigé certains natifs du Kivu qui, selon lui, feraient alliance avec les FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) pour terroriser la population. Il leur a demandé de se désolidariser d’eux. «Joseph» a décidément la mémoire qui flanche. A-t-il oublié que les Hutu des FDLR étaient, il y a peu, les alliés des autorités de Kinshasa et par conséquent, alliés aux groupes armés créés par le pouvoir ? Ne dit-on pas que les ennemis de nos ennemis sont nos amis ?

Le «raïs» a par ailleurs lancé «une sévère mise en garde» aux opérateurs économiques. Ceux-ci sont accusés de se livrer à l’exportation frauduleuse des produits miniers bruts vers des pays voisins. Sans dire d’où viendra le financement, le «raïs» a invité les hommes d’affaires du cru «de créer une industrie locale de traitement des matières premières», avant l’exportation.

Incantations

Le 26 janvier 2010, Joseph Kabila va célébrer le 9ème anniversaire de son accession à la tête de l’Etat congolais. Au cours de ce laps de temps, le «raïs» a prononcé plusieurs discours truffés de promesses et autres idées généreuses. Parmi les promesses, on peut épingler au moins deux «engagements» pris par le successeur de «Mzee» dans son discours d’investiture prononcé le 26 janvier 2001 : «Je prends l’engagement que le gouvernement garantira, plus que jamais, la sécurité des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire congolais». Une année après, à l’occasion de ces 12 premiers mois de présidence, Kabila de marteler : « (…), les Congolais doivent-ils savoir que leurs intérêts, leurs profondes aspirations feront toujours l’objet de mes préoccupations primordiales». Qu’en est-il du bilan ?

Neuf années après son accession au pouvoir suprême, l’homme a brillé et continue à briller plus par des incantations, des promesses non-tenues que par des réalisations palpables. Les priorités du chef de l’Etat (priorité aux infrastructures) paraissent aux antipodes des «profondes aspirations» d’une population qui ne demande que l’amélioration du cadre et de la qualité de la vie. Les Congolais croulent sous la pauvreté au point de ne pouvoir satisfaire les besoins vitaux en eau, électricité, soins de santé et éducation. Les pouvoirs publics ont donné toute la mesure de leur impuissance à assurer des conditions minimales de sécurité pour les personnes et les biens. Le «ferme engagement» (re) annoncé par Kabila pour lutter contre l’insécurité au Sud Kivu doit être considéré comme une boutade. Une plaisanterie. On se demande bien si le «raïs» a conscience du poids des mots dont il se plaît à prononcer.

Dans les discours présidentiels, on trouve une multitude d’idées généreuses qui attendent leur traduction en actes. «Renforcer l’Etat de droit» ; «consolider la démocratie et la bonne gouvernance» ; «garantir les droits de l’Homme et la Justice» ; «œuvrer en faveur d’une politique qui privilégie le dialogue et la réconciliation» ; «promouvoir la paix et l’unité». Ce sont des extraits tirés des allocutions prononcées ces neuf années par l’homme qui dirige la RD Congo.

Incohérences

A y regarder de près, le Congo est malade des promesses non-tenues du «raïs». Le pays est également malade des incohérences politico-diplomatiques du staff dirigeant. Au lendemain de la rupture de la «coopération militaire» avec le Rwanda et l’Ouganda fin juillet 1998, le Mzee Laurent-Désiré Kabila (LDK) avait noué une nouvelle alliance avec des Hutu rwandais des ex-Forces armées rwandaises et autres Interahamwe. Objectif : combattre l’ennemi commun et ramener la guerre à Kigali. En 1999, LDK mit sur pied une Force d’autodéfense populaire (Fap) au Katanga, dans les deux provinces du Kivu et dans une certaine mesure à Kinshasa. Des armes de guerre ont ainsi été distribuées à des individus peu recommandables au nom du «patriotisme». D’où la naissance d’une multitude de groupes armés pro-gouvernementaux, les fameux Maï Maï, aux côtés des milices dévouées à certains pays voisins.

On ne peut que comprendre que certains natifs du Kivu continuent à entretenir de bonnes relations avec miliciens FDLR, ces alliés d’hier des autorités de Kinshasa. Une manière de dire que la nouvelle amitié Kabila-Kagame peine à être acceptée par une population kivutienne. Une population qui a été chauffée à blanc par la propagande d’Etat à l’image d’un Paul Kagame présenté comme étant le dirigeant d’un «Etat agresseur». Du jour au lendemain, l’homme fort de Kigali est devenu un homme fréquentable par la seule volonté du «raïs».

On peut gager que les opérateurs économiques du Sud Kivu n’auraient pas exporté frauduleusement de produits miniers bruts si leur pays leur avait offert un meilleur environnement d’affaires. Ils auraient sans doute pu investir dans la création d’industrie de transformation pour donner une plus-value à ces minerais.

Les propos tenus par Joseph Kabila à Bukavu sont d’une légèreté affligeante de la part du premier magistrat d’un Etat devenu la risée de l’Afrique et du monde. Il ne reste plus au «raïs», à travers l’instabilité persistante dans les deux provinces du Kivu, qu’à constater son échec et à en tirer les conséquences…

Madeleine Wassembinya/B.A.W

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