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Nouvelles opérations rwandaises au Nord-Kivu ?


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Par Marie-France Cros

– Des rumeurs insistantes et quelques faits convergent pour l’indiquer. Elles seraient logiques – mais extrêmement impopulaires à Kinshasa. De nouvelles opérations militaires rwandaises ou rwando-congolaises ont-elles lieu au Nord-Kivu ? C’est la question qu’on se pose, alors que les rumeurs d’entrée au Congo de troupes rwandaises se multiplient dans la région de Beni-Lubero (nord du Nord-Kivu), mais aussi à Goma, chef-lieu de la province. S’il n’y a pas de confirmation officielle de ces entrées, les informations recueillies par “La Libre Belgique” indiquent que des militaires rwandais ont été vus pénétrant à pied au Congo vers Rugari (un peu au sud de la zone où se touchent les trois frontières Congo-Rwanda-Ouganda); de nombreuses boîtes vides de rations militaires rwandaises y ont d’ailleurs été trouvées. Par ailleurs, des rwandophones ne parlant pas français mais anglais (caractéristique de la majorité des militaires rwandais, dont beaucoup ont grandi en Ouganda avant de rentrer au pays après le génocide) ont été signalés dans la région de Walikale. Celle-ci est une zone où se trouvent de nombreux FDLR (rebelles hutus rwandais issus des génocidaires). Ces derniers, après avoir été longtemps les alliés de Kinshasa dans sa guerre contre Kigali, sont aujourd’hui la cible du pouvoir congolais, qui s’est réconcilié avec le Rwanda. En janvier 2009, une opération militaire conjointe rwando-congolaise avait lancé une offensive contre les FDLR mais avait dû être écourtée en raison de l’exécration des Rwandais par l’opinion à Kinshasa. Si elle était relancée aujourd’hui, il ne serait donc pas surprenant que ce soit en secret, pour éviter toute nouvelle campagne anti-Kabila dans la capitale congolaise, à un an des élections. L’an dernier, l’opération militaire rwando-congolaise avait dû être suivie d’une autre, de plusieurs mois, menée par l’armée congolaise et les casques bleus. Entre temps, cependant, ces derniers ont été stigmatisés pour avoir appuyé une armée impliquée dans d’importantes violations des droits l’homme dénoncées par l’Onu et ont reçu l’ordre de ne plus collaborer avec les unités congolaises soupçonnées de crimes de guerre contre leur population. Cela a jeté un froid dans les relations onusiens-armée congolaise. Celle-ci poursuit maintenant des “opérations unilatérales”. De plus, les casques bleus viennent de perdre 8 hélicoptères d’attaque avec le départ, il y a quelques semaines, d’un contingent indien en poste au Kivu; ils ne disposent plus que d’hélicoptères commerciaux et non militaires, a indiqué début octobre à Reuters le chef de la base de soutien logistique des Casques bleus à Entebbe, Paul Buades. Il ne serait donc pas étonnant que Kinshasa et Kigali aient convenu d’un effort commun supplémentaire, alors que les opérations précédentes ont dispersé les FDLR, à défaut de les neutraliser. Le principe d’une telle collaboration aurait été arrêté, selon les informations de “La Libre Belgique”, lors de réunions entre les présidents Kabila et Kagame le 6 septembre dernier à Kigali, en marge des cérémonies d’investiture du second pour un nouveau mandat à la tête du Rwanda. Ce principe aurait été confirmé lors d’une récente rencontre entre les deux ministres de la Défense à Kinshasa. Cette opération rwandaise ou rwando-congolaise secrète au Congo, si elle se confirme, survient au moment où la tension s’est accrue au Kivu. En janvier 2009, la rébellion CNDP de Laurent Nkunda (Tutsis congolais appuyés par le Rwanda) avait – échange de bons procédés entre Etats – été démantelée : Kigali avait piégé Nkunda et le garde en détention depuis lors, tandis que le CNDP avait fait l’objet d’une scission menée par son “numéro deux”, Bosco Ntaganda. Recherché par la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre, il est devenu depuis lors “numéro deux” de fait des opérations de l’armée congolaise au Kivu et Kinshasa refuse de le livrer à la CPI. Les pro-Nkunda, débandés, ont, eux, été recrutés par un certain Ngabo Gadi, ex-compagnon de guerre de Bosco, qui a formé un Front pour la libération du Congo (FPLC) et mené des opérations contre l’armée congolaise et contre les casques bleus au Nord-Kivu – avant d’être arrêté à Kampala fin juin. Or, son FPLC a formé une alliance avec des Hutus congolais et des FDLR ! Le FPLC, placé aujourd’hui sous l’autorité d’un autre Tutsi congolais, le colonel Gisungu, se serait lancé dans cette improbable alliance pour former un front anti-Kagame au Congo en raison de la campagne d’assasssinats menée contre lui, ces derniers mois, sur ordre de Kigali. Le pouvoir rwandais soupçonne en effet les amis de Nkunda de fomenter un front avec les dissidents tutsis du régime Kagame regroupés autour du général Kayumba Nyamwasa, récemment vistime d’une tentative d’assassinat en Afrique du Sud attribuée généralement aux services rwandais. Une des raisons de la dissidence de ce dernier serait qu’il appuie un dialogue de Kigali avec ceux des FDLR qui ne sont pas impliqués dans le génocde de 1994, ce que Kagame refuserait. Dans l’opération rwandaise ou congolo-rwandaise au Congo, tant Kigali que Kinshasa aurait donc à gagner : Kinshasa obtient une aide conséquente pour neutraliser les FDLR – qui terrorisent aujourd’hui plus le Kivu que le Rwanda – et Kigali peut liquider ses ennemis basés au Kivu.