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Zambie: la veuve de l’ex-président Sata veut succéder à son mari


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SATE-Dans la famille Sata, il y avait le père, le fils, le neveu, et maintenant l’épouse. Elu à la présidence en 2011, Michael Sata est mort en octobre dans l’exercice de ses fonctions. Sa veuve éplorée vient de faire son entrée dans l’arène politique et propose de contester l’élection présidentielle anticipée prévue pour janvier 2015. La concurrence risque d’être rude pour cette ancienne première dame, sans expérience politique.

La bataille pour la succession de l’ex-président Michael Sata bat son plein, à Lusaka. Depuis la disparition le 28 octobre de l’ancien chef de l’Etat zambien des suites d’une longue maladie, il ne se passe pas une semaine sans qu’un nouveau candidat à la succession du président défunt ne se dévoile.

La dernière en date n’est autre que la veuve du président Sata. Plus connue comme gynécologue-obstétricienne et activiste pour l’amélioration de la santé maternelle, le docteur Christine Kaseba-Sata n’a pas d’expérience politique. Mais elle s’est toutefois lancée dans la course pour poursuivre, selon ses dires, l’action « visionnaire » de son mari à la tête de la Zambie. Rappelant qu’elle est encore en train de pleurer ce dernier, elle a déclaré à la radio privée Phoenix que le chagrin qu’elle ressentait n’était « rien en comparaison de la peine que j’éprouverais si les vœux du président Sata n’étaient pas exaucés ».

L’irruption dans la vie politique de cette veuve éplorée, que tout le pays a vu sangloter au désespoir pendant les funérailles télévisées de son mari, sème la zizanie dans le Front patriotique (FP), le parti au pouvoir, mais aussi au sein de la famille Sata. Mulenge Sata, le fils du président défunt et maire de la capitale, est déjà sur les rangs pour représenter le FP à l’élection présidentielle anticipée du 20 janvier. Miles Sampa, secrétaire d’Etat au Commerce et à l’Industrie et neveu de l’ancien président, s’est lui aussi porté candidat à la succession. Plus jeunes que la veuve Christine Kaseba-Sata, ces derniers ne jurent que par l’héritage du parent disparu et se proposent de mettre leur jeunesse et leur entrain au service de la réalisation de ses rêves.

Héritage

Elu démocratiquement en 2011, Michael Sata laisse un héritage pour le moins ambigü, entaché de dérives autoritaires et de renonciations à la plupart de ses engagements en faveur des pauvres et des laissés-pour-compte du développement zambien. Classé parmi les pays néo-émergents, la Zambie enregistre depuis dix ans une croissance supérieure à 6%. Le pays tire profit de ses exportations de cuivre, dont il est le 7e producteur mondial, et de sa politique d’industrialisation à marche forcée, inspirée du modèle chinois.

Or malgré la croissance, 64% de la population zambienne vit encore dans le dénuement. Sata est arrivé au pouvoir en faisant campagne pour un meilleur partage de la prospérité et pour réduire l’influence chinoise sur l’économie du pays. Ces promesses n’ont pas été tenues. Les trois années de présidence de Michael Sata ont été marquées au contraire par le resserrement des liens avec la Chine et l’approfondissement du fossé entre l’élite et le petit peuple.

Le président intérimaire Guy Scott, qui est issu de la gauche, souhaiterait réorienter la politique économique, mais son temps est compté. Fils d’immigrants écossais, Guy Scott ne peut pas prétendre à la présidence car la Constitution stipule que pour être candidat à la magistrature suprême les deux parents doivent être nés en Zambie. La mission de Scott, premier président blanc de l’Afrique postcoloniale, consiste à conduire le pays et ses 15 millions d’habitants à des élections anticipées.

Succession

La bataille pour la succession de Sata a commencé avant même la mort de ce dernier. L’homme était malade depuis plusieurs mois et se rendait régulièrement à l’étranger pour se faire soigner. Il est décédé à Londres où il était sous traitement pour une maladie dont la nature n’a jamais été révélée au grand public. En l’absence de l’homme fort, des vocations se sont affirmées au sein d’un parti au pouvoir en manque de leadership.

D’où un trop-plein de candidatures au sein du FP. Son comité exécutif, qui se réunira cette semaine (le jeudi 27 novembre), devra choisir parmi les dix prétendants déclarés son nouveau chef pour succéder à Sata. Le candidat le plus en plus en vue est Edward Lungu, l’actuel ministre de la Défense et le secrétaire général du parti au pouvoir. L’homme jouit d’une immense popularité auprès notamment des jeunes adhérents du FP. Son récent limogeage de son poste de secrétaire général par le président par intérim Guy Scott a conduit à des débordements violents, obligeant le gouvernement à revenir sur sa décision. Les observateurs craignent que les intenses rivalités entre les différents candidats à la succession de Michael Sata ne débouchent sur l’explosion du parti fondé par ce dernier.

C’est sans doute pour éviter une scission possible que le nom de la veuve Sata a été avancé comme la candidate du parti au pouvoir à la présidentielle anticipée du 20 janvier. Dans un communiqué publié après la remise formelle de sa candidature pour diriger le parti, Christine Kaseba-Sata a déclaré qu’elle n’était la candidate d’aucune faction et qu’elle s’engageait à restaurer l’unité et l’ordre si elle était désignée. « Depuis le décès de mon mari, c’est avec une profonde tristesse que j’observe, a-t-elle déclaré, les drames qui frappent le parti et ses divisions grandissantes. Il est urgent de rapprocher les différentes factions du parti et de consolider les acquis de l’époque du feu président. »

Cartel

Selon les médias locaux, la candidature de l’ancienne première dame n’a pas été très bien accueillie par le grand public zambien, qui voit d’un mauvais œil toute cette agitation de la part d’une femme encore en période de deuil. Les Zambiens n’aiment pas non plus voir les enfants de Michael Sata se précipiter pour prendre sa place vacante. D’aucuns estiment que l’ancienne première dame est instrumentalisée par le « cartel » qui évolue dans son entourage, et dont le chef ne serait autre que le président par intérim Guy Scott. En la faisant élire à la tête du pays, celui-ci voudrait, dit-on, préserver son propre avenir.

La pléthore de candidats dans le camp du parti au pouvoir aurait pu profiter à l’opposition, mais la division est également de mise du côté des opposants au régime. Le Mouvement pour une démocratie multipartite qui a gouverné la Zambie jusqu’à 2011, avant l’élection de Sata, est divisé sur le candidat à présenter. Ses militants sont tiraillés entre l’ancien président de la Zambie Rupiah Banda, et le président du parti Nevers Mumba, qui est également intéressé par le poste. Avec tant d’ambitions qui s’entrechoquent, la « transition en douceur » qu’appelait de tous ses vœux la présidente de la commission de l’Union africaine lors des funérailles de Michael Sata, paraît compromise.

RFI