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Papa Wemba, donneur de leçons

Le concert de Papa Wemba à Paris en janvier a été annulé.

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Papa Wemba est en featuring avec la Malienne Nana Kouyaté. Papa Wemba est en featuring avec la Malienne Nana Kouyaté. © Vincent Fournier pour J.A.

Avec “Maître d’école”, le chanteur congolais (RDC) Papa Wemba entend apprendre à la jeune génération ce qu’est la rumba. La vraie, celle qui a marqué les heures de gloire des indépendances.

Un album, vingt-quatre chansons et un bonus, “100 % rumba”. C’est le défi que s’était lancé Papa Wemba. À 65 ans, le leader de l’orchestre Viva la musica revient dans les bacs avec Maître d’école, un disque enregistré à la fois à Kinshasa et dans le studio parisien Ethnic Touch. Objectif : redonner un “nouveau souffle” à la rumba congolaise. Un genre musical qui semble aujourd’hui en perte de vitesse devant la percée du coupé-décalé ivoirien ou de la musique urbaine nigériane.

Très loin de son âge d’or entamé sérieusement aux premières années de l’accession des États africains à la souveraineté internationale, notamment avec la chanson Indépendance cha cha. Ce tube composé par le groupe African Jazz de Joseph Kabasele, dit Grand Kallé, rapidement devenu l’hymne des indépendances sur le continent. À l’époque, la rumba congolaise était demandée dans tous les bars au sud du Sahara.

Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Papa Wemba en est conscient, mais ne s’avoue pas vaincu. En bon “défenseur” de la musique congolaise, il prône désormais le “retour aux sources”, aux fondamentaux. “L’heure est venue de rectifier le tir”, dit-il. À ses yeux, la nouvelle génération des artistes en vogue en RD Congo – Fally Ipupa et Ferre Gola en tête – ne respecte pas toujours les “normes de base” de la rumba.

“Il était devenu nécessaire de stopper cette descente aux enfers”, lâche l’un de ses proches. Avec Maître d’école, celui qui se définit comme le mwalimu (“instituteur”, en français) voudrait montrer la “bonne voie à suivre” aux jeunes. Comment ? “En replaçant le solo à la guitare au centre de la mélodie. C’est de cette manière que nous rendrons à la rumba congolaise ses lettres de noblesse”, insiste Papa Wemba.

Contrepartie

Avec la finesse de sa voix immuable, toujours perchée en dépit de l’âge, le Mzée promet de réussir son pari. Pour ce faire, il s’est bien entouré. Question de mettre toutes les chances de son côté. Jossart Nyoka Longo, le chef incontesté du groupe emblématique Zaïko Langa Langa, JB M’Piana, l’un des pionniers du ndombolo, et Barbara Kanam, l’une des meilleures voix féminines de la RD Congo, participent à son opus.

Il en est de même de quelques “requins de Paris”, entendez les artistes musiciens congolais se produisant dans la capitale française. La Malienne Nana Kouyaté prête également sa voix (“Africain comme toi”). Un featuring avec un message qui se veut “fort” : “Un appel à l’homme africain – qu’il se nomme Barack Obama ou Zinedine Zidane – pour qu’il n’oublie pas ses racines, commente Papa Wemba. Car aujourd’hui, chaque jour qui passe, l’Africain perd son identité en suivant aveuglément la culture et la manière de faire des autres.” Des mots qui contrastent avec la personnalité de leur auteur : le roi de la sape se mue en moralisateur !

Pas question, en revanche, de céder aux pressions d’une partie de la diaspora congolaise, qui lui demande de ne plus soutenir le président Joseph Kabila. Jules Shungu Wembadio Pene Kikumba – de son vrai nom – tient à sa “liberté de choisir”. Et il a choisi “de ne pas être un chanteur engagé”. Dans Maître d’école, il n’y aura donc pas de place pour des prises de position politiques. Mais les mabanga sont les bienvenues !

Des noms de politiciens, d’hommes d’affaires, de sportifs, de ziana ou de djika (des Congolais vivant en Europe) sont cités le long de ses morceaux, moyennant une contrepartie financière payée en amont à l’artiste. Souvent décriées, ces “dédicaces” sont désormais omniprésentes dans la rumba congolaise contemporaine. “Nous devons assumer cette particularité de notre musique”, soutient l’artiste. Quitte à plomber les sonorités de la rumba originelle… Vous avez dit “retour aux sources” ?

Jeune Afrique

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