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Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi gardent la main sur le Rassemblement


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-La principale plateforme d’opposition s’est dotée d’une nouvelle direction bicéphale. Félix Tshisekedi a été désigné président du Rassemblement et Pierre Lumbi, un proche de Moïse Katumbi, à la tête du Conseil des sages. Une nomination qui ne fait pas l’unanimité mais qui valide la nouvelle recomposition d’une opposition en quête de leadership.

Un peu plus d’un mois après le décès de l’opposant historique Etienne Tshisekedi, le Rassemblement de l’opposition a désigné une direction à deux tête composée de Félix Tshisekedi, le fils du leader emblématique, qui prend la présidence de la plateforme et de Pierre Lumbi, membre du G7, l’une des composantes phares du Rassemblement. Dauphin naturel d’Etienne Tshisekedi, la nomination de Félix Tshisekedi n’est pas une surprise. Seule l’arrivée de Pierre Lumbi à la co-gestion du mouvement constitue la nouveauté de ce Rassemblement « recomposé ». Une double direction qui s’explique par les aspirations politiques de Félix Tshisekedi qui brigue le poste de Premier ministre après l’accord politique signé avec le pouvoir le 31 décembre dernier. Le président du Conseil des sages devenant, selon l’accord, le futur président du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA), Félix Tshisekedi ne pouvait cumuler ces deux fonctions. Et c’est un proche de Moïse Katumbi, via le G7, Pierre Lumbi qui occupera la présidence du Conseil des sages. Là encore un choix logique puisque l’ancien gouverneur du Katanga partageait la création du Rassemblement avec Etienne Tshisekedi.

La nomination de Lumbi fait débat

La commande à deux volants de la principale plateforme d’opposition n’a pas fait que des heureux. Les autres partis liges du Rassemblement, souvent plus modestes que l’UDPS de Tshisekedi et moins fortunés que Moïse Katumbi,  n’avaient d’autres choix que de valider Félix Tshisekedi et Pierre Lumbi à la tête du mouvement. Si Martin Fayulu (Ecidé) est vite rentré dans le rang, Joseph Olenghankoy (Fonus) et Bruno Tshibala (UDPS) ont rapidement contesté la nouvelle direction, « qui n‘était pas issu d’un vote de l’ensemble du Conseil des sages ». La personnalité de Pierre Lumbi passe également très mal auprès de certains membres du Rassemblement. Certes, le patron du MSR a joué un rôle fédérateur important au sein du Rassemblement et son activisme dans l’organisation de la marche des chrétiens contre Mobutu en 1992 est encore très présent, mais son récent poste de conseiller à la sécurité auprès du président Joseph Kabila fait tousser auprès de nombreux opposants, victimes d’une répression politique féroce.

Rendre l’accord du 31 décembre obsolète ?

Mais la fronde aura rapidement fait long feu et le risque d’éclatement du Rassemblement a fait rentrer dans « le droit chemin » les principales composantes du Rassemblement. Car en coulisse, la majorité présidentielle ne rate pas une occasion pour tenter de déstabiliser une opposition déjà très fragmentée. Avec, à la clé de cette division souhaitée par le camp Kabila : l’éclatement du Rassemblement et la remise en cause de l’accord du 31 décembre signé par ce même Rassemblement et le pouvoir. Un accord obsolète qui permettrait à la majorité de retarder une nouvelle fois les élections, voire d’en appeler à l’organisation d’un référendum, et pourquoi pas… à une modification de la Constitution pour permettre à Joseph Kabila de briguer un nouveau mandat. La majorité peut compter sur Raphaël Katebe Katoto pour semer la discorde au sein du Rassemblement. Le propre frère de Moïse Katumbi, co-fondateur du Rassemblement aujourd’hui exclu, se verrait bien à la tête de la Primature, poste pourtant réservé à Félix Tshisekedi. En briguant la tête du nouveau gouvernement, Katebe Katoto permet à Joseph Kabila de s’offrir la possibilité de choisir son futur Premier ministre en dehors du seul nom de Félix Tshisekedi (qu’il ne souhaite pas voir à la Primature) pourtant choisi par le Rassemblement.

Félix sur tous les fronts

Par cette nomination à la tête du Rassemblement, Félix Tshisekedi réussi donc, pour l’instant, à s’imposer comme le digne successeur de son père. Il devra pour cela garder également le contrôle de l’UDPS, le parti qu’a créé et présidé Etienne Tshisekedi pendant plus de 30 ans. Pour l’heure, tout le monde joue le jeu au sein du parti, tenu par son secrétaire général Jean-Marc Kabund. Mais l’UDPS doit rapidement tenir un congrès pour valider la gestion du parti après la disparition du « Sphinx de Limete »… l’occasion pour les multiples chapelles de se voir entendre. Là encore, Félix Tshisekedi devra faire preuve d’une certaine habilité politique pour conserver l’unité du parti. Passage obligé si il souhaite poursuivre son dessein politique.

Katumbi reste à la manoeuvre

Mais le gagnant de cette refonte du Rassemblement est sans doute Moïse Katumbi. En exil judiciaire depuis sa condamnation à 3 ans de prison pour une mystérieuse affaire de spoliation immobilière, opportunément mise au jour après sa candidature à la présidence de la république, l’homme d’affaire reprend de l’influence au sein de la plateforme, via Pierre Lumbi, dont le G7 soutient ouvertement sa candidature. Auparavant, c’était l’intransigeant et imprévisible Etienne Tshisekedi qui tenait les rênes du Rassemblement… aujourd’hui, il sera sans doute plus facile pour Moïse Katumbi d’en co-piloter la direction. Une tâche facilité par son frère, Katebe Katoto, qui s’est auto-exclu du mouvement en voulant tenter l’aventure personnelle de la Primature.

Vers un statu quo politique de longue durée

Actuellement aux Etats-unis pour activer ses soutiens américains et voir comme la nouvelle équipe Trump traitera le dossier congolais, Moïse Katumbi   espère bien rentrer rapidement au pays pour pouvoir peser de nouveau sur la scène politique… et ne pas trop laisser le champ libre à Félix Tshisekedi, qui, Primature ou pas, lorgne également sur la prochaine présidentielle. L’ancien gouverneur du Katanga avait annoncé, à la mort d’Etienne Tshisekedi, vouloir revenir à Kinshasa avec la dépouille de l’opposant historique. Mais plusieurs semaines ont passé et aucune assurance de Kinshasa n’est venu rassurer l’homme d’affaire sur sa probable arrestation à sa descente d’avion en cas de retour non négocié. La famille Tshisekedi, qui annonce le retour du « Vieux » pour le 11 mars (date encore très hypothétique) n’a jamais confirmé, ni infirmé la présence de Moïse Katumbi dans le dernier voyage d’Etienne Tshisekedi. L’incertitude plane encore sur le sort du patron du TP Mazembe qui reste hors jeu tant qu’il ne sera pas revenu en RDC. Une option qui en arrange plus d’un, dans la majorité, mais aussi dans l’opposition. Mais face aux multiples blocages politiques dans l’application de l’accord du 31 décembre et aux vives tensions dans les provinces, les autorités congolaises ne semblent pas encore très pressées d’organiser les funérailles nationales de Tshisekedi qui pourraient rapidement se transformer en meeting anti-Kabila. Le statu quo politique risque donc de durer un certain temps à Kinshasa.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia